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abbé, si détestables, qu’outre qu’elles étoient pleines de médisances de la Reine, elles contenoient des paroles qui violoient au moins le respect dû aux sacremens, si elles ne contenoient un manifeste abus de celui de la confession, vu que ce personnage étoit si effronté, qu’il lui écrivoit qu’il ne pouvoit qu’il ne lui donnât beaucoup de nouvelles, puisqu’il confessoit la plupart des femmes de la Reine.

Le marquis de Thémines, capitaine des gardes de la Reine, imbu des humeurs et des impressions de Russelay, ne vit pas plutôt le marquis de Mosny, qui s’en étoit allé, hors de la prétention du gouvernement d’Angers, qu’il ne se le mît en tête. Ce qui fit que la Reine ayant donné ledit gouvernement à feu mon frère, celui de Chinon à Chanteloube, celui du Pont-de-Cé à Bétancourt, la passion lui fit mal parler de ce choix, et dire qu’il méritoit mieux que ceux qui l’avoient eu, ce qui produisit plusieurs querelles. La première fut de Chanteloube, qui fit appeler ledit marquis, et fnrent séparés sur le pré. Cette querelle ayant appris à mon frère les mauvais discours dudit marquis, il lui fit savoir qu’il le vouloit voir l’épée à la main. Ils se retirèrent tous deux hors de la ville à cette fin, mais sans effet, à cause de la pluralité des seconds qui se trouvèrent de part et d’autre ; ce qui donna lieu de remettre la partie à une autre fois.

La Reine ayant su ce qui s’étoit passé, prit grand soin de les faire accorder ; mais, comme il y a peu de maladies dont on sort bien nettement, l’accord de cette querelle ne fut pas si net qu’il n’en restât des semences qui donnèrent lieu à mon frère de le chercher autant qu’il put. Il alloit, pour cet effet, toujours seul