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la malice du siècle elle ne m’autorisoit auprès d’elle, non-seulement par son crédit, mais par la force du lieu de sa demeure, et par celle qu’elle pouvoit donner en sa maison, je ne pouvois lui rendre le service que je devois, elle voulut, de son mouvement, donner le gouvernement d’Angers à mon oncle le commandeur de La Porte, et quelque temps après la charge de capitaine de ses gardes au marquis de Brezé, mon beau-frère, moyennant 30 000 écus que je payai au marquis de Thémines, qui avoit été fort bien reçu du Roi.

Tous ces malheurs passés, la Reine m’envoya à Tours pour préparer son entrevue avec le Roi. Elle n’eut pas peu de peine à se résoudre à ce voyage ; le traitement qu’elle avoit reçu, la continuation qu’il lui sembloit voir de mauvaise volonté envers elle, la crainte de s’aller mettre en la puissance de ses ennemis, la tenoient en une grande irrésolution si elle devoit aller trouver le Roi.

Luynes, incontinent que le Roi fut arrivé à Tours, lui écrivit par le prince de Piémont, qui l’alloit trouver à Angoulême, que, sur la parole du père Bérule, il hasardoit la très-humble supplication qu’il lui faisoit de vouloir prendre assurance en son très-humble service, et en recevoir les offres qui lui étoient dues, et que le Roi lui avoit non-seulement permis, mais commandé de lui faire ; et que si elle les avoit agréables, il exposeroit sa vie pour elle, tant à raison de ce qu’elle est, que pour avoir commencé et beaucoup avancé sa fortune, qui l’obligent à ne l’oublier jamais, laissant le plus important à ce bon père pour le lui faire entendre.