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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 21 bis.djvu/63

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Il avoit eu plusieurs fois envie de l’ôter de sa charge et de l’éloigner de la cour ; il persistoit au dégoût qu’il avoit de lui, ce qu’il lui eût témoigné sans la nécessité de l’occasion présente, qui l’obligea à prendre ce tempérament de le laisser auprès de la Reine pour la soulager au maniement des affaires qui se présenteroient en son absence, et donner les sceaux au président Jeannin, qu’il vouloit mener avec lui, comme un homme dont la probité étoit connue d’un chacun, et qu’il savoit être fort et solide en ses pensées, et constant en l’exécution de ses conseils.

Ces changemens, la passion qu’il avoit en la tête, et la grandeur de l’entreprise qu’il méditoit, inquiétoient grandement son esprit, mais ne le détournoient pas de son dessein.

Ne sachant pas comme il plairoit à Dieu de dispeser de lui, il se résolut de laisser la régence à la Reine pour assurer son État et sa couronne à ses enfans. Il entretint plusieurs fois cette princesse de ce dessein, et, entre plusieurs choses générales qu’il faut observer pour régner heureusement, dont il lui parloit souvent à diverses reprises, il lui donna quelques préceptes particuliers nécessaires au gouvernement de cet État.

Le premier fut d’être fort retenue et réservée au changement des ministres, lui disant que, comme on ne doit les appeler au maniement des affaires qu’avec grande connoissance de leur mérite, aussi ne faut-il les en éloigner qu’après être certainement informé de leurs mauvais déportemens.

Non-seulement, lui dit-il, les derniers venus sont-ils moins nourris aux affaires, mais souvent ils pren-