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ment sans qu’ils s’en aperçussent, et surtout leur établissement ès places frontières. Il estimoit ces bons religieux utiles pour l’instruction de la jeunesse, mais faciles à s’emporter, sous prétexte de piété, contre l’obéissance des princes : surtout ès occasions où Rome prendroit intérêt, il ne doutoit nullement qu’ils ne fussent toujours prêts d’exciter les communautés à rebellion, et dispenser ses sujets de la fidélité qu’ils lui avoient promise.

Ces impressions étoient encore un reste de la teinture qu’il avoit reçue pendant qu’il étoit séparé de l’Église, vu que les ministres n’ont pas de plus grand soin que de publier et persuader, autant qu’ils peuvent, que ces bons religieux, qu’ils haïssent plus que tous les autres, sont ennemis des rois, et tiennent des maximes contraires à leur sûreté et celle de leurs États.

La cause de la haine qu’ils leur portent est parce que leur institut les oblige à une particulière profession des lettres, et, leur donnant toutes les commodités nécessaires pour s’y rendre excellens, ils sont d’ordinaire plus capables que les autres de confondre leurs erreurs.

Les moyens dont ils se servent, la malice dont ils usent pour rendre odieux ces grands serviteurs de Dieu sous le prétexte des rois, est de dire qu’ils enseignent que les princes ne possèdent leur temporel qu’avec dépendance des papes, ce qu’ils ne pensèrent jamais, et dont toutefois ils tâchent de donner impression, leur imputant comme un crime la doctrine de saint Thomas et de tous les théologiens, et même de leurs propres auteurs, qui enseignent que les