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qu’il n’y a point de sûreté aux ratiocinations qui suivent les passions des hommes, et qu’on se trompe souvent lorsqu’on se propose ce qu’on désire, plus par le déréglement de ses passions que par le vrai discours d’une juste raison.

En un mot, il semble que la sapience qui n’a point de fond, a voulu faire voir combien les bornes de la sagesse humaine ont peu d’étendue, et que la perfection des hommes est si imparfaite, que les bonnes qualités des plus accomplis sont contre-pesées par beaucoup de mauvaises qui les accompagnent toujours.

Comme roi, ce prince avoit de très-grandes qualités ; comme père, de grandes foiblesses, et, comme sujet aux plus grands déréglemens des passions illicites de l’amour, un grand aveuglement.

Quiconque considérera l’entreprise qu’il fait sur la fin de ses jours, ne doutera pas du bandeau qu’il a sur les yeux, puisqu’il s’embarquoit en une guerre qui sembloit présupposer qu’il fût au printemps de son âge ; au lieu qu’approchant de soixante ans, qui est au moins l’automne des plus forts, le cours ordinaire de la vie des hommes lui devoit faire penser à sa fin, causée peu après par un funeste accident.

Pendant les grands préparatifs qu’il faisoit pour la guerre, il témoignoit souvent que la charge de connétable et celle de colonel de l’infanterie lui étoient grandement à charge, et disoit qu’en la division en laquelle le royaume étoit entretenu par le parti des huguenots, si on les souffroit en toute l’étendue que la négligence des rois leur avoit laissé prendre, on rendroit ceux qui les possédoient trop puissans pour que leur pouvoir ne dût pas être suspect.