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de prévenir les maux qui pouvoient arriver dans l’incertitude de l’établissement d’une régence ; que voyant M. le prince[1] hors du royaume, M. le comte hors de la cour mécontent, le prince de Conti[2] seul présent, mais comme absent par sa surdité, et par l’incapacité de son esprit, qui étoit connue de tout le monde, on n’avoit pu faire autre chose que ce qui s’étoit fait, étant impossible d’attendre le retour de ces princes sans un aussi manifeste péril pour l’État que celui d’un vaisseau qui seroit long-temps à la mer sans gouvernail.

Ils ajoutoient en outre que le bien de l’État, préférable à toutes choses, avoit requis qu’on prévînt les diverses contentions qui fussent nées sans doute, entre les princes du sang sur ce sujet, si on les eût attendus ;

Que le parlement n’avoit point tant prétendu établir la régence de la Reine par son autorité, comme déclarer que la volonté du feu Roi avoit toujours été que le gouvernement fût entre ses mains, non-seulement en son absence pendant son voyage, mais en cas qu’il plût à Dieu disposer de lui ; que l’action du parlement, ainsi interprétée, étoit dans l’ordre et les formes accoutumées à telles compagnies, qui ont toujours enregistré les déclarations des régences que les rois ont faites quand ils se sont absentés de leur royaume, ou lorsque la mort les en a privé en les tirant du monde ;

  1. Henri ii, prince de Condé, père du grand Condé. Il est ordinairement appelé M. le prince.
  2. Le prince de Conti, oncle de Henri ii, prince de Condé ; il étoit sourd et muet : mort en 1614. Il avoit épousé une princesse de la maison de Guise.