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que l’on tuoit le Roi à coups de couteau ; ce qui se trouva véritable.

Le même jour de ce funeste accident, une capucine, fondant en pleurs, demanda à ses sœurs si elles n’entendoient pas qu’on sonnoit pour les avertir de la fin du Roi. Incontinent après, le son de leurs cloches frappa les oreilles de toute la troupe à heure indue ; elles coururent à l’église, où elles trouvèrent la cloche sonnant sans que ame vivante y touchât.

Le même jour, une jeune bergère, âgée de quatorze ou quinze ans, nommée Simonne, native d’un village nommé Patay, qui est entre Orléans et Châteaudun, fille d’un boucher dudit lieu, ayant le soir ramené ses troupeaux à la maison, demanda à son père ce que c’étoit que le Roi. Son père lui ayant répondu que c’étoit celui qui commandoit à tous les Français, elle s’écria : Bon Dieu ! j’ai tantôt entendu une voix qui m’a dit qu’il avoit été tué ; ce qui se trouva véritable.

Cette fille étoit dès lors si dévote, que son père l’ayant promise en mariage à un homme fort riche de naissance, elle se coupa les cheveux pour se rendre difforme, et fit vœu d’être religieuse ; ce qu’elle accomplit après en la maison des Petites Hospitalières de Paris, dont elle fut, peu de temps après, supérieure.

Le christianisme nous apprenant à mépriser les superstitions qui étoient en grande religion parmi les païens, je ne rapporte pas ces circonstances pour croire qu’il y faille avoir égard en d’autres occasions ; mais l’événement ayant justifié la vérité de ces présages, prédictions et vues extraordinaires, il faut