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SUR LA DUCHESSE DE NEMOURS.

sagement économe. En 1694, elle fut reconnue souveraine de Neuchâtel en Suisse par les États du pays, et la même année cette souveraineté lui fut enlevée par Frédéric, premier roi de Prusse[1].

En avançant en âge elle se montra quelquefois triste et chagrine, parce qu’elle aperçut qu’on disposoit déjà de son immense succession. La France, la Savoie et la Prusse y prétendoient. Un jour, se trouvant tourmentée de cette idée, il lui prit fantaisie d’aller se confesser à un ecclésiastique dont elle n’étoit pas connue. Ce directeur, apercevant qu’elle étoit très-irritée, lui conseilla le pardon des injures. « Non, mon père, lui dit-elle, je ne pardonnerai jamais à mes trois ennemis. — Et quels sont-ils ? — Le roi de France, le duc de Savoie et le roi de Prusse. » Le confesseur la crut folle, et ne fut détrompé que lorsqu’en sortant de l’église il vit la suite et les équipages de la princesse. Des sentimens de religion très-solides ne tardèrent pas à calmer les chagrins imaginaires de la duchesse de Nemours. Respectée et encore admirée par ceux qui étoient admis dans son intérieur, elle mourut à Paris le 16 juin 1707, à l’âge de quatre-vingt-deux ans.

Elle avoit écrit des Mémoires sur les troubles de la Fronde, dont elle s’étoit trouvée témoin dans sa première jeunesse ; et elle les confia, avant de mourir, à mademoiselle L’Héritier de Villaudon, qui les fit paroître en 1709 (Cologne, in-12), avec ce titre : Mémoires de M. L. D. D. N., contenant ce qui s’est passé de plus particulier en France pendant

  1. Ce prince ne fut proclamé roi que le 18 janvier 1701.