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SUR LA DUCHESSE DE NEMOURS.

certain caractère qui lui donnoit une haine mortelle pour tout ce qui se peut appeler travail et occupation. Ainsi, par l’envie d’être déchargée de toutes sortes de soins, de n’entrer jamais dans aucun détail ennuyeux, elle donnoit une autorité sans bornes à ceux en qui elle plaçoit sa confiance ; et comme, avec l’aversion qu’elle avoit pour le travail d’esprit, elle avoit aussi une défiance outrée d’elle-même qui la faisoit se juger incapable de décider rien d’important, elle avoit une déférence aveugle aux conseils, ou, si on l’ose dire, aux volontés de ces mêmes personnes en qui elle se confioit fortement : docilité fatale qui a plusieurs fois attiré des chagrins à cette princesse, qui d’ailleurs avoit mille aimables vertus et mille grandes qualités d’ame, dont beaucoup d’esprits vulgaires n’ont jamais connu le prix en aucune façon, ignorant à tous égards le caractère de cette princesse. »

Si madame de Nemours se montre parfaitement juste à l’égard d’Anne d’Autriche, elle traite peut-être avec trop de rigueur ceux dont l’ambition et les intrigues ont troublé sa tranquillité. Alors la malice se mêle à des observations fort sensées, et l’impartialité est un peu sacrifiée à d’anciens ressentimens. C’est sous ce point de vue qu’il faut considérer ce qu’elle dit du grand Condé et du duc de La Rochefoucauld.

Le caractère principal de l’auteur est la finesse et la pénétration ; mais ces qualités l’entraînent quelquefois à des conjectures hasardées sur les causes secrètes des événemens. À force de vouloir scruter les intentions des personnages qu’elle met en scène, elle at-