Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 34.djvu/391

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


MÉMOIRES
DE LA
DUCHESSE DE NEMOURS.


En voyant aujourd’hui la France si calme, si triomphante, et gouvernée avec tant de sagesse et avec une puissance si absolue, on se persuaderoit aisément qu’elle a toujours été gouvernée de même ; et on a peine à s’imaginer qu’elle ait été réduite au point où nous l’avons vue au temps de la régence d’Anne d’Autriche, mère du Roi.

Il est pourtant certain que le ministère du cardinal Mazarin se rendit quelque temps si odieux pendant cette régence, dont ce ministre exerçoit tout le pouvoir sous l’autorité de cette princesse, que les personnes mêmes qui passoient pour les plus sages[1] se trouvèrent comme forcées à se révolter contre la puissance légitime, pour s’affranchir de celle qui leur paroissoit une véritable oppression. Et afin de pouvoir anéantir cette puissance injuste, ceux à qui le gouvernement étoit insupportable excitèrent tant de troubles et formèrent tant de factions, que la minorité du Roi en auroit été infailliblement accablée, si le ciel, qui prenoit soin de ce prince, ne l’eût comblé dès lors du même bonheur qui l’a toujours accompagné

  1. Qui passoient pour les plus sages : On a vu dans la Notice que madame de Nemours, alors mademoiselle de Longeville, ne fut pas étrangère aux premiers troubles.