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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 36.djvu/89

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le cardinal se rendit chez la Reine pour la presser de lui accorder la permission qu’il lui avoit demandée de s’en aller à Rome, où il feroit, disoit-il, paroître son zèle pour le service du Roi, et sa reconnoissance pour les bienfaits et les honneurs dont il étoit comblé. Mais Sa Majesté lui ayant fait l’ouverture que je lui avois proposée, il ne délibéra point sur ce qu’il avoit à répondre. Il la remercia en lui protestant que cette nouvelle grâce l’attachoit encore plus fortement que toutes les autres qu’il avoit reçues au service du Roi, au sien, et à celui de toute la France ; et, continuant son discours, il demanda à la Reine qui lui avoit donné ce conseil. Sa Majesté lui dit que c’étoit moi. Il m’en remercia dès le jour même, en me protestant que j’aurois toute sa confiance ; qu’il savoit bien que la Reine m’avoit honoré de la sienne, et que je n’en avois jamais abusé ; qu’il supplioit même Sa Majesté d’être sa caution ; qu’il ne manqueroit à rien de tout ce qu’il m’avoit promis, ne me demandant d’autre assurance que ma parole, parce que la renommée, qui ne se trompe jamais, avoit publié si hautement la constance et la fidélité avec laquelle j’avois servi mes maîtres et aimé mes amis, qu’il n’exigeoit point de moi d’autre assurance, celle-là lui paroissant la meilleure. Je fis de mon côté mille protestations de services au cardinal, étant persuadé que cela feroit plaisir à la Reine. Présentement qu’elle est établie sur le trône, nous parlerons de la régence de cette princesse, et de la part qu’elle voulut bien me donner aux affaires.

Sa Majesté témoigna d’abord qu’elle n’avoit rien plus à cœur que la grandeur du Roi son fils, et de