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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 37.djvu/104

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entendit qu’elle lui défendit quelque chose, répéta les mots de la Reine, et lui dit en riant : « Si fait, il le fera. » Et la Reine du même ton lui répondit aussi en riant : « Non fait, il ne le fera pas ; et quand je vous aurai dit ce que c’est, je suis sûre que vous serez de mon avis. — Dites donc, madame, lui dit le Roi, afin que je sache ce que vous défendez, et ce que j’ordonne. » La Reine lui fit part de son raisonnement, et lui dit que s’ils employoient à leur négociation ceux qui étoient nécessaires à leur service pour le secours de Strafford qu’ils vouloient sauver, ce secret venant à se savoir, qu’infailliblement le parlement les chasseroit, et que leur exil augmentèrent le mauvais état de leurs affaires. Le Roi trouva toutes ces raisons fort bonnes. Après avoir balancé ensemble l’importance de la chose avec la crainte du mauvais succès, ils conclurent néanmoins à la fin qu’il falloit hasarder tout pour un si grand bien, et que Germain iroit travailler à cet accommodement. Il y fit en effet tout son possible : il parla à tous deux ; il leur représenta l’importance de se démettre l’un ou l’autre du désir d’être général ; fait espérer à celui qui ne le sera pas la plus belle charge du royaume, et n’oublie rien pour bien servir son maître et ses amis. Mais la mauvaise destinée de cette maison royale, et du Roi en son particulier, firent que ces deux lords ne purent jamais se consoler d’être deux. Ils firent bonne mine ; et Gorrein, le soir même, emporté par l’ardeur de son ambition, qui lui fit manquer à l’honneur et à la fidélité, alla découvrir ce dessein au parlement. Il rendit par conséquent toutes ses peines inutiles et nuisibles au service de son Roi, et empira par cette