Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 37.djvu/109

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les lui ôter. Ils lui mandèrent qu’il serait bon qu’elle les mit entre leurs mains pendant l’absence du Roi, parce qu’ils n’apprenaient rien auprès d’elle, et qu’ils craignoient qu’elle ne les fit papistes. La Reine répondit qu’ils se trompoient ; que les princes avoient des maîtres et gouverneurs, et qu’elle ne les feroit point papistes, puisqu’elle savoit bien que ce n’étoit pas la volonté du Roi qu’ils le fussent. Mais, pour éviter leur insolence, elle fut contrainte de les envoyer à une autre maison voisine de celle-là, pour leur montrer qu’elle ne les tenoit pas toujours avec elle, d’où ils la venoient voir quelquefois. Les ennemis de cette princesse voulurent ensuite l’obliger à s’en aller hors du royaume, en lui faisant croire qu’ils avoient dessein de l’enlever. Ils envoyèrent, de la part du parlement, ordre à un gentilhomme qui commandoit le village où étoit sa maison, de se tenir prêt avec une certaine quantité de ses paysans armés, et en état de servir le Roi à leur commandement. Ce même ordre portoit de les attendre jusqu’à minuit au parc d’Otland, où il trouveroit de la cavalerie et des officiers qui lui dévoient prescrire ce qu’il avoit à faire. Ce gentilhomme vint trouver la Reine, lui montra son ordre, et lui témoigna vouloir lui être fidèle. Elle lui dit de ne point obéir à ce que le parlement désiroit de lui, et de se tenir en repos. Cependant, sans s’étonner, elle envoya avertir ses principaux officiers qui étoient à Londres pour leurs propres affaires, et leur manda de se rendre auprès d’elle avant minuit, avec le plus de monde qu’il leur seroit possible ; puis fit armer tous ses petits officiers, jusqu’à ses marmitons de cuisine. Elle alla ensuite