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vers elle, et des sincères intentions qu’il avoit de la servir utilement ; mais il défendit à d’Estrades de la lui donner, s’il ne trouvoit en elle des dispositions favorables pour la bien recevoir ; et il n’oublioit pas de l’assurer de la protection du Roi pour défendre Leurs Majestés des maux que leurs sujets déjà révoltés montroient leur vouloir procurer.

L’ambassade du marquis de Seneterre avoit persuadé le Roi et la Reine que le cardinal de Richelieu leur étoit contraire ; et quand d’Estrades lui parla, elle répondit aux offres et aux promesses de fidélité qu’il lui fit de sa part, qu’elle étoit mieux informée de ses intentions pour ce qui la regardoit ; qu’elle savoit qu’il n’étoit pas de ses amis, qu’elle ne désiroit rien de lui, et qu’elle ne vouloit nul éclaircissement là-dessus, sachant, à n’en pouvoir douter, qu’il n’étoit pas de ses amis. D’Estrades, étonné de cette réponse, judicieux et obéissant, ne lui donna point sa lettre ; mais il lui représenta, autant qu’il lui fut possible, qu’elle se trompoit dans le jugement qu’elle faisoit de lui, et se contenta de lui présenter celle du Roi. Elle lui répondit sur ce qu’il demandoit au Roi son mari, après l’avoir lue, qu’elle ne se mêloit point des affaires de cette nature ; mais ajouta qu’elle lui en parleroit, et dit au comte d’Estrades qu’elle avoit eu une bonne réprimande sur la proposition que lui faisoit le Roi son frère de demeurer neutre en laissant attaquer les côtes de Flandre, et qu’il allât le trouver. Il y fut ; et ce prince, sur les offres qu’il lui fit de la part du Roi et de son ministre, et qui furent grandes, lui répondit qu’il feroit tout ce qu’il pourroit pour témoigner son amitié, pourvu qu’il ne fût pas préju-