Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 37.djvu/43

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La Reine, qui avoit toujours aimé madame la princesse, se trouva fort disposée à la favoriser : elle étoit mère du duc d’Enghien, qui venoit de gagner une bataille et qui se faisoit déjà craindre : il falloit l’épargner tout-à-fait, de peur que le repos de la régence n’en fût troublé. Ces considérations dévoient l’emporter sur tout le reste : la chose de soi l’obligeoit aussi, et le droit des gens vouloit qu’elle défendît la gloire de madame de Longueville, qui outre sa naissance avoit de belles qualités, dont la réputation n’étoit point encore attaquée, et qui étoit fort aimable de sa personne. Cette princesse étoit grosse : elle étoit allée à La Barre, maison auprès de Paris qu’elle avoit choisie pour aller passer les premiers chagrins de son aventure, et pour s’y reposer. La Reine la fut voir pour la consoler et lui promettre sa protection. Après les premiers discours de civilité, madame la princesse la mena dans un cabinet où la mère et la fille se jetèrent à ses pieds, et lui demandèrent justice de l’outrage que madame de Montbazon leur avoit fait. Ce fut avec tant de sentimens et tant de larmes, que la Reine, m’ayant fait l’honneur à son retour de La Barre de me conter ces particularités, me dit que ces princesses lui avoient fait pitié, et qu’elle leur avoit premis qu’elles seroient entièrement satisfaites. Cela se fit en effet avec toute la cérémonie requise, et de manière qu’elles en furent contentes. Le duc de Beaufort, le grand soutien de madame de Montbazon, commencoit à déchoir de cette première faveur qui avoit d’abord ébloui tout le monde. Malgré l’amour qu’il avoit pour madame de Montbazon, la Reine favorise madame la princesse et madame de Longueville. Il