Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 37.djvu/71

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

haité de l’y maintenir : c’est pourquoi elle avoit encore quelques longues conversations avec lui sur les scrupules qui lui en étoient toujours demeurés ; mais elle manqua de fermeté en cette occasion, et laissa souvent les choses selon qu’il plut à son ministre, ne se croyant pas si habile que lui, et ne croyant pas l’être autant qu’elle l’étoit en beaucoup de choses : ce qui fut cause qu’il lui étoit aisé de la persuader de tout ce qu’il vouloit, et de la faire revenir, après quelque résistance, aux choses qu’il avoit résolues. Je sais néanmoins que, dans le choix des évêques particulièrement, elle a eu une très-grande peine à se rendre, et qu’elle en a eu bien davantage quand elle eut reconnu qu’elle avoit suivi ses avis trop facilement sur cet important chapitre : ce qu’elle ne faisoit pas toujours, et jamais sans consulter en particulier ou le père Vincent tant qu’il a vécu, ou d’autres qu’elle a cru gens de bien ; mais elle a été quelquefois trompée par la fausse vertu de ceux qui prétendoient à la prélature, et dont les personnes de piété, sur qui elle se reposoit de cet examen, lui répondoient peut-être un peu trop légèrement. Cependant, malgré l’indifférence que son ministre a paru avoir sur ce sujet, Dieu a fait la grâce à cette princesse de voir la plupart de ceux qui pendant sa régence ont été élevés à cette dignité satisfaire à leur devoir, et faire leurs fonctions avec une sainteté exemplaire.

La Reine avoit mis dans les finances le président de Bailleul[1], homme de bien et juge fort intègre, mais

  1. Le président de Bailleul. Nicolas de Bailleul. Son éloignement fut une des principales causes de la haine que le parlement de Paris conçut contre Mazarin.