Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 37.djvu/74

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Quand ceux qui avoient eu à parler à elle avoient eu leur audience, elle se levoit, prenoit une robe de chambre, et, après avoir fait une seconde prière, elle déjeûnoit de grand appétit[1]. Elle prenoit ensuite sa chemise, que le Roi lui donnoit en la baisant tendrement ; et cette coutume lui a duré long-temps. Après avoir mis son corps de jupe, avec un peignoir, elle entendoit la messe fort dévotement ; et, cette sainte action finie, elle venoit à sa toilette. Il y avoit alors un plaisir non pareil à la voir coiffer et habiller. Elle étoit adroite, et ses belles mains en cet emploi faisoient admirer toutes leurs perfections. Elle avoit les plus beaux cheveux du monde : ils étoient fort longs et en grande quantité, qui se sont conservés longtemps, sans que les années aient eu le pouvoir de détruire leur beauté. Elle s’habilloit avec le soin et la curiosité permise aux personnes qui veulent être bien sans luxe, sans or ni argent, sans fard, et sans façon extraordinaire. Il étoit néanmoins aisé de voir à travers la modestie de ses habits qu’elle pouvoit être sensible à un peu d’amour-propre. Après la mort du feu Roi, elle cessa de mettre du rouge : ce qui augmenta la blancheur et la netteté de son teint. Au lieu de rien diminuer de son éclat, on l’en estima davantage, et l’approbation publique obligea les dames à suivre son exemple. Elle prit alors la coutume de garder la chambre un jour ou deux, pour se reposer de temps

  1. Elle déjeûnoit de grand appétit. Le manuscrit ajoute : « Son déjeûner étoit toujours fort bon, car elle avoit une santé admirable. On lui servoit, après son bouillon, des côtelettes, des saucisses, et du pain bouilli. Elle mangeoit d’ordinaire de tout cela un peu, et n’en dînoit pas moins. »