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aux princesses et aux dames de qualité qui venoient faire leur cour. M. le duc d’Orléans, M. le prince et le duc d’Enghien la venaient voir ; et le cardinal Mazarin n’y manquoit jamais à la belle heure du soir, que la conversation se faisoit publiquement entre la Reine, les princes et le ministre : ce qui faisoit qu’en ce temps la cour étoit fort grosse. La Reine se retiroit ensuite en son particulier. Le duc d’Orléans, après un entretien secret, s’en alloit au Luxembourg, et laissoit le cardinal Mazarin avec la Reine. Ce ministre y demeuroit quelquefois une heure, quelquefois plus. Les portes du cabinet demeuroient ouvertes. Après la sortie du duc d’Orléans, les gens de la cour, soit par leur dignité, soit par leur faveur, pouvoient entrer dans la petite chambre du Palais-Royal joignant le cabinet, et y demeurer attendant la fin du conseil. Quand il étoit fini, la Reine, peu de temps après, donnoit le bon soir à tout ce qui s’appeloit le grand monde. La foule des grands seigneurs et des courtisans demeuroit dans le grand cabinet, et c’étoit là que se pratiquoit sans doute tout ce que la galanterie et les folles intrigues pouvoient produire. Peu d’hommes, avec quatre ou cinq personnes de notre sexe, avoient l’honneur de rester avec la Reine, à toutes les heures où elle étoit en son particulier. Ces hommes étoient le commandeur de Jars, Beringhen, Chandenier[1], capitaine des Gardes du Roi, Guitaut, capitaine des Gardes de la Reine, et Comminges, son neveu et son lieutenant. Quelquefois d’autres s’y fourroient,

  1. Chandenier : François de Rochechouart, marquis de Chandenier. — Guitaut : François. — Comminges : Jean-Eaptiste, comte de Comminges.