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passer quinze jours à sa maison du Petit-Bourg. Cette grâce lui fut accordée avec facilité, et même avec apparence de quelque prolongation. Il donna ce même soir à souper à beaucoup de ses amis, et montra tant de gaieté que plusieurs crurent qu’il étoit raccommodé. Le lendemain, il partit à six heures du matin, sans montrer ni trouble ni chagrin. Il perdit en même temps la faveur, le chapeau, et l’espérance qu’il avoit eue qu’au défaut du chapeau il pourroit être archevêque de Reims ; mais, en résignant à un autre l’espérance d’être cardinal, il sembla aussi perdre son ambition, et en vouloir laisser les inquiétudes à son successeur. Il fut trahi, dans la maison du duc d’Orléans, de ceux qu’il avoit obligés et qui lui devoient leur fortune, et suivi seulement de quelques-uns qui ne lui devoient rien : ce qui arrive quasi toujours à ceux qui se sont vus en état d’obliger. Il rendit à ces derniers ce qu’il avoit reçu des autres : ils en furent mal payés. Les grands biens qui lui restèrent auroient pu néanmoins lui donner beaucoup de facilité pour en user mieux ; mais il étoit homme, et ressembloit fort aux hommes ordinaires.

Quelque temps après, le duc d’Orléans lui envoya commander d’aller en une de ses abbayes, puis ensuite à Aurillac dans le fond de l’Auvergne, avec commandement de rendre les sceaux de l’ordre, qu’il avoit achetés du garde des sceaux de Châteauneuf trois cent mille livres. Il ne fit pas toujours bonne mine à son malheur : il souffrit avec peu de patience et beaucoup de chagrin tous ces maux ; mais ayant de l’esprit, il parut d’abord avoir du courage et de la fermeté à soutenir sa disgrâce, dont il reçut les plus