Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 39.djvu/17

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ils eurent peut-être les sentimens différens. Madame de Longueville avoit tenté d’aller au Havre ; mais le duc de Richelieu ne put la recevoir, à cause qu’il n’en étoit pas tout-à-fait le maître : les principaux officiers étoient tous à madame d’Aiguillon, qui devoit haïr un neveu rebelle et ingrat ; si bien que madame de Longueville, qui avoit fait avoir ce gouvernement à son amie dans le dessein d’en profiter pour elle-même, eut le déplaisir de voir que ce mariage en partie étoit cause de ses maux, et qu’elle n’en pût pas même recevoir le moindre soulagement dans sa disgrâce.

La Reine, suivant sa résolution, partit de Paris le premier février, et arriva à Rouen le 3 du mois. Avant que de partir, elle envoya arrêter la duchesse de Bouillon, qui fut si habile qu’à la vue même de celui qui l’arrêta elle fit sauver ses enfans mâles, et les envoya en lieu de sûreté. Cette dame a été illustre par l’amour qu’elle a eu pour son mari, par celui que son mari a eu pour elle, par sa beauté, et par la part que la fortune lui a donnée aux événemens de la cour. Elle accoucha le même jour qu’elle fut arrêtée, mais sans nulle incommodité à l’égard de sa personne. Elle reçut, par l’ordre de la Reine, tous les secours qui en cet état lui étoient nécessaires. Dans toutes les occasions d’une sévérité forcée, telle que les rois sont obligés d’en avoir, la Reine ne manquoit quasi jamais de donner aux malheureux tous les adoucissemens que la raison d’État lui pouvoit permettre.

Le cardinal demeura quelques jours à Paris pour donner ordre à toutes ses affaires.

Madame de Soyon, devenue dame d’atour de Madame par l’éloignement de l’abbé de La Rivière, se lia