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bale des princes, et Paris tout entier. Pour gage de leur fidélité frondeuse, il fit suivre au voyage le marquis de Noirmoutiers, grand frondeur, afin d’avoir par lui commerce avec les autres ; et s’en alla ensuite rejoindre la Reine, pour travailler à chasser de Dieppe la duchesse de Longueville.

Le comte d’Harcourt, qui avoit eu les provisions du gouvernement de Normandie, commandoit l’armée du Roi, qui étoit foible. Sa personne royale ne fut pas suivie à son ordinaire : il n’avoit que quarante gardes, trente chevau-légers et trente gendarmes. Il avoit peu d’argent et peu de troupes ; mais l’autorité de la puissance légitime égale souvent la force des plus gros bataillons. Le Roi et la Reine furent reçus à Rouen avec de grandes marques de joie, telles que le méritoit un jeune Roi dont la beauté et l’innocence dévoient plaire à ces peuples. Ils ne l’avoient jamais vu, non plus que la Reine, qui, ayant voyagé par toute la France, n’avoit point encore été dans cette grande et importante ville. Le 7 du mois, Chamboi, qui commandoit dans le Pont-de-l’Arche, et qui avoit ordre de madame de Longueville de rendre la place à la première sommation du Roi, la remit aussitôt, moyennant deux mille pistoles qu’il demanda pour les frais de la garnison.

La Reine, en arrivant à Rouen, ôta le marquis de Beuvron du vieux Palais ; car, encore qu’il eût presque chassé de Rouen madame de Longueville, on ne voulut pas néanmoins se fier à un homme dont la conduite étoit incertaine, et qui n’agissoit par aucun motif que par celui de la crainte, et par l’inclination qu’il avoit d’être toujours pour celui dont les affaires