DE
a Reine ayant appris que les princes étoient arrivés,
et qu’ils étoient environnés des grosses murailles
du donjon du bois de Vincennes, fit ouvrir les portes
du Palais-Royal, afin d’y laisser entrer tout le monde.
Cette nouvelle ayant été divulguée, la foule fut
grande chez la Reine. Les frondeurs avoient si bien
frondé, qu’ils avoient mis leurs ennemis hors de
combat ; et ils se hâtèrent de venir jouir de leur
victoire dans un lieu où, peu auparavant, ils étoient
haïs et traités d’ennemis. Les curieux ne manquèrent
pas d’y venir aussi, pour savoir les causes et les particularités
de ce grand événement. Ceux même qui
plaignoient les princes y accoururent de même, les
uns pour faire bonne mine et pour ne se point rendre
suspects, les autres pour apprendre quelles en seroient
les suites, et pour former déjà des projets pour
l’avenir.
J’étois au coin de mon feu quand j’appris cette nouvelle ; et le marquis de Villequier, capitaine des gardes du corps, qui depuis a été duc et maréchal de France, étoit avec moi. Il fut surpris du malheur