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MÉMOIRES

avantages ; Saint-Ibal l’appuya avec force, Varicarville les combattit avec vigueur.

Je me sentois trop jeune pour dire mon avis. M. le comte m’y força, et je pris la liberté de lui représenter qu’un prince du sang doit plutôt faire une guerre civile, que de rien remettre de sa réputation ou de sa dignité ; mais aussi qu’il n’y avoit que ces deux considérations qui l’y pussent judicieusement obliger, parce qu’il hasarde l’une ou l’autre par le mouvement, toutes les fois que l’une ou l’autre ne le rend pas nécessaire ; qu’il me paroissoit bien éloigné de cette nécessité ; que sa retraite à Sedan le défendoit des bassesses auxquelles la cour avoit prétendu l’obliger : par exemple, à celle de recevoir la main gauche dans la maison même du cardinal ; que la haine que l’on avoit pour le ministre attachoit même à cette retraite la faveur publique, qui est toujours beaucoup plus assurée par l’inaction que par l’action, parce que la gloire de l’action dépend du succès, dont personne ne se peut répondre ; et que celle que l’on rencontre en ces matières dans l’inaction est toujours sûre, étant fondée sur la haine dont le public ne se dément jamais à l’égard du ministre. Qu’il seroit, à mon avis, plus glorieux à M. le comte de se soutenir par son propre poids, c’est-à-dire par celui de sa vertu, à la vue de toute l’Europe, contre l’artifice d’un ministre aussi puissant que le cardinal de Richelieu ; qu’il lui seroit, dis-je, plus glorieux de se soutenir par une conduite sage et réglée, que d’allumer un feu dont les suites étoient fort incertaines ; qu’il étoit vrai que le ministre étoit en exécration, mais que je ne voyois pas encore que l’exécration fût au période qu’il est