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Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 44.djvu/143

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DU CARDINAL DE RETZ.

assuré que, quoique j’eusse lieu de me croire perdu à la cour, je n’avois jamais voulu être des amis de M. le grand[1] ; et il est vrai que M. de Thou, avec lequel j’avois habitude et amitié particulière, m’en avoit pressé, et que je n’y donnai point, parce que je n’y crus d’abord rien de solide ; et l’événement a fait voir que je ne m’y étois pas trompé.

M. le cardinal de Richelieu mourut[2] avant que M. de Lizieux eût pu achever ce qu’il avoit commencé pour mon raccommodement, et je demeurai ainsi dans la foule de ceux qui avoient été notés dans le ministère. Ce caractère ne fut pas favorable les premières semaines qui suivirent la mort de M. le cardinal. Quoique le Roi en eût une joie incroyable, il voulut conserver toutes les apparences : il ratifia les legs que ce ministre avoit faits des charges et des gouvernemens ; il caressa tous ses proches, il maintint dans le ministère toutes ses créatures, et il affecta de recevoir assez mal tous ceux qui avoient été mal avec lui. Je fus le seul privilégié. Lorsque M. l’archevêque de Paris[3] me présenta au Roi, il me traita, je ne dis pas seulement honnêtement, mais avec une distinction qui étonna tout le monde. Il me parla de mes études, de mes sermons ; il me fit même des railleries douces et obligeantes ; Il me commanda de lui faire ma cour toutes les semaines. Voici les raisons de ce bon traitement, que nous ne sûmes nous-mêmes que la veille de sa mort. Il les dit à la Reine.

  1. M. de Cinq-Mars, Henri Coëffier d’Effiat, marquis de Cinq-Mars, grand écuyer de France. Il eut la tête tranchée le 12 septembre 1642. (A. E).
  2. Le 4 décembre 1642. (A. E.)
  3. Jean-François de Gondy, mort en 1654. (A. E.)