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sur le cardinal de retz.

après ravoir lu avec attention, dit à ses confidens : « Voilà un dangereux esprit. » Cependant il ne prit aucune mesure, même de précaution, contre l’auteur, se figurant probablement que l'âge et les conseils de sa famille lui feroient bientôt abandonner ses folles théories.

Quatre ans après (1636), l’abbé de Gondy, qu’une conduite fort dissipée ne détournoit point de ses études, brilla en Sorbonne ; et quoique Richelieu protégeât le plus distingué de ses rivaux, il fut le premier de la licence. Ce triomphe, dont il ne jouit point avec modestie, et le soupçon assez fondé qu’il n’avoit pas été étranger à un complot tramé dans Amiens contre la vie du ministre, effrayèrent sa famille, qui lui fit faire un voyage en Italie. Il passa quelque temps à Rome, étala son érudition théologique dans les écoles de sapience ; et, toujours emporté par son caractère turbulent, il osa braver le comte de Schomberg, ambassadeur de l’Empereur.

De retour en France, il entretint des relations avec le comte de Soissons, qui, retiré à Sedan, étoit en révolte ouverte contre le Roi ; et bientôt, suivant son expression, il éveilla l’idée dans l’esprit d’un de ses amis de faire une tentative contre les jours du ministre. Le complot fut formé, le jour pris ; et cependant il éprouva quelque scrupule en pensant qu’il s’agissoit de verser le sang d’un prêtre. « J’eus honte de ma réflexion, dit-il, j’embrassai le crime qui me parut consacré par de grands exemples, justifié et honoré par de grands périls. » C’étoit là l’usage qu’il faisoit de ses souvenirs classiques ; et quelques maximes des républiques anciennes lui sembloient