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DU CARDINAL DE RETZ.


LIVRE SECOND.




Je commençai mes sermons de l’avent dans Saint-Jean en Grève le jour de la Toussaint, avec le concours naturel à une ville aussi peu accoutumée que l’étoit Paris à voir ses archevêques en chaire. Le grand secret de ceux qui entrent dans ces emplois est de saisir d’abord l’imagination des hommes par une action que quelques circonstances leur rendent particulière.

Comme j’étois obligé de prendre les ordres, je fis une retraite dans Saint-Lazarre, où je donnai à l’extérieur toutes les apparences ordinaires. L’occupation de mon intérieur fut une grande et profonde réflexion sur la manière que je devois prendre pour ma conduite. Elle étoit très-difficile : je trouvois l’archevêché de Paris dégradé, à l’égard du monde, par les bassesses de mon oncle, et désolé, à l’égard de Dieu, par sa négligence et par son incapacité. Je prévoyois des oppositions infinies à son rétablissement : et je n’étois pas si aveugle que je ne connusse que la plus grande et la plus insurmontable étoit dans moi-même. Je n’ignorois pas de quelle nécessité est la règle des mœurs à un évêque. Je sentois que le désordre scandaleux de celles de mon oncle me l’imposoit encore plus étroite et plus indispensable qu’aux autres ; et je sentois en même temps que je n’en étois pas capable,