Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 44.djvu/153

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
151
DU CARDINAL DE RETZ.

établie, je pris l’occasion d’un contrat de mariage pour disputer le rang de la signature à M. de Guise. J’avois bien étudié et bien fait étudier mon droit, qui étoit incontestable dans les limites du diocèse. La préséance me fut adjugée par arrêt du conseil ; et j’éprouvai en cette rencontre, par le grand nombre de gens qui se déclarèrent pour moi, que descendre jusqu’aux petits est le plus sûr moyen pour s’égaler aux grands. Je faisois ma cour une fois la semaine à la messe de la Reine, après laquelle j’allois presque toujours dîner chez M. le cardinal Mazarin, qui me traitoit fort bien, et qui étoit dans la vérité très-content de moi, parce que je n’avois voulu prendre aucune part dans la cabale que l’on appeloit des importans, quoiqu’il y en eût d’entre eux qui fussent extrêmement de mes amis. Peut-être ne serez-vous pas fâchée que je vous explique ce que c’étoit que cette cabale.

M. de Beaufort, qui avoit le sens beaucoup au dessous du médiocre, voyant que la Reine avoit donné sa confiance à M. le cardinal Mazarin, s’emporta de la manière du monde la plus imprudente. Il refusa tous les avantages qu’elle lui offrit avec profusion : il fit vanité de donner au monde toutes les démonstrations d’un amant irrité. Il ne ménagea en rien Monsieur ; il brava dès les premiers jours de la régence feu M. le prince[1]. Il l’outra ensuite par la déclaration publique qu’il fit contre madame de Longueville[2], en faveur de madame de Montbazon[3], qui véritablement n’a-

  1. Henri de Bourbon, second du nom, mort en 1646. (A. E.)
  2. Anne-Geneviève de Bourbon, fille de Henri de Bourbon, prince de Condé ; morte en 1679. (A. E.)
  3. Marie de Bretagne, fille de Claude