d’être disgracié. Je soutins à Nangis que le parti des importans étoit de cette nature ; et je vous marque cette circonstance pour avoir lieu de vous faire le plan de l’état où les choses se trouvèrent à la mort du feu Roi. C’est par où je devois commencer, mais le fil de mon discours m’a emporté.
Il faut confesser, à la louange de M. le cardinal de Richelieu, qu’il avoit conçu deux desseins que je trouve presque aussi vastes que ceux des César et des Alexandre. Celui d’abattre le parti de la religion avoit été projeté par M. le cardinal de Retz[1], mon oncle ; celui d’attaquer la formidable maison d’Autriche n’avoit été imaginé de personne. Il a consommé le premier, et à sa mort il avoit bien avancé le second. La valeur de M. le prince, qui étoit M. le duc en ce temps-là, fit que celle du Roi n’altéra pas les choses. La fameuse bataille de Rocroy[2] donna autant de sûreté au royaume qu’elle lui apporta de gloire, et ces lauriers couvrirent le berceau du Roi qui règne aujourd’hui. Le Roi, son père, qui n’aimoit ni n’estimoit la Reine, sa femme, lui donna en mourant un conseil nécessaire pour limiter l’autorité de sa régence ; et il y nomma M. le cardinal Mazarin, M. Seguier[3], M. Bouthillier et M. de Chavigny. Comme tous ces sujets étoient extrêmement odieux au public, parce qu’ils étoient tous créatures de M. le cardinal de Richelieu, ils furent siffles par tous les laquais dans les cours de Saint-Germain, aussitôt que le Roi fut expiré : et si M. de Beaufort eût eu le sens commun, ou si M. de Beau-