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DU CARDINAL DE RETZ.

tendit que la vérification appartenoit à la cour des aides : le premier président[1] la contesta pour le parlement. Le cardinal Mazarin, ignorantissime en toutes ces matières, dit qu’il s’étonnoit qu’un corps aussi considérable s’amusât à des bagatelles ; et vous pouvez juger si cette parole fut relevée.

Emery ayant proposé une conférence particulière pour aviser aux moyens d’accommoder l’affaire, elle fut proposée le lendemain dans les chambres assemblées. Après une grande diversité d’avis, dont plusieurs alloient à la refuser, comme inutile et même captieuse, elle fut accordée, mais vainement : l’on ne put convenir. Ce que voyant le conseil, et craignant que le parlement ne donnât arrêt de défense qui auroit infailliblement été exécuté par le peuple, il envoya une déclaration pour supprimer le tarif, afin de sauver au moins l’apparence à l’autorité du Roi. L’on envoya quelques jours après cinq édits encore plus onéreux que celui du tarif, non pas en espérance de les faire recevoir, mais en vue d’obliger le parlement à en revenir à celui du tarif. Il y revint effectivement, en refusant les autres ; mais avec tant de modifications que la cour ne crut pas s’en pouvoir accommoder, et qu’elle donna, étant à Fontainebleau au mois de septembre, un arrêt du conseil d’en haut, qui cassa celui du parlement, et qui leva toutes les modifications. La chambre des vacations y répondit par un autre, qui ordonna que celui du parlement seroit exécuté.

Le conseil, voyant qu’il ne pouvoit tirer aucun

  1. Matthieu Molé, seigneur de Lassy et de Champlâtreux, né en 1584, et mort en 1656. (A. E.)