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DU CARDINAL DE RETZ.

La vérité est que cette union, qui prenoit pour son motif la réformation de l’État, pouvoit avoir fort naturellement celui de l’intérêt particulier des officiers, parce que l’un des édits dont il s’agissoit portoit un retranchement considérable de leurs gages ; et la cour, qui se trouva étonnée et embarrassée au dernier point de l’arrêt d’union, affecta de lui donner autant qu’elle put cette couleur, pour le décréditer dans l’esprit des peuples.

La Reine ayant fait dire au parlement, par les gens du Roi, que comme cette union n’étoit faite que pour l’intérêt particulier des compagnies, et non pas pour la réformation de l’État, comme on le lui avoit voulu d’abord faire croire, elle n’y trouvoit rien à redire, parce qu’il est toujours permis à tout le monde de représenter au Roi ses intérêts, et qu’il n’est jamais permis à personne de s’ingérer du gouvernement de l’État. Le parlement ne donna point dans ce panneau ; et parce qu’il étoit aigri par l’enlèvement de Turcan et d’Argouges, conseillers au grand conseil, que la cour fit prendre la nuit de l’avant-veille de la Pentecôte, et par celui de Lotin, Dreux et Guerin que l’on arrêta aussi incontinent après, il ne songea qu’à justifier et à soutenir son arrêt d’union par des exemples. Le président de Novion[1] en trouva dans les registres ; et l’on étoit sur le point de délibérer sur l’exécution, quand Le Plessis-Guénégaud[2], secrétaire d’État, entra dans le parquet, et mit entre les mains des gens du Roi un arrêt du conseil d’en haut,

  1. Nicolas Pothier, sieur de Novion, président à mortier, et puis premier président. (A. E.)
  2. Henri de Guénégaud, mort en 1676. (A. E.)