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notice

présentement en corps répandre sur Votre Majesté les bénédictions qu’ils obtiennent du ciel par leurs prières ; vous porter en même temps les oracles sacrés, c’est-à-dire les vérités ecclésiastiques Nous parlons des libertés de l’Église avec cette liberté vraiment chrétienne que Jésus-Christ nous a acquise par son sang, qui fait que les dispensateurs de sa parole la portent sans trembler aux oreilles des princes, qui, sans diminuer le respect, diminue la crainte, et qui fait qu’à ce même moment, où je me trouve saisi d’un étonnement profond en songeant que je parle à mon Roi, je me relève par une sainte confiance, en considérant que je lui parle de la part de son maître. »

L’orateur, après cet exorde, entre dans le détail des plaintes du clergé. En 1635, le cardinal de Richelieu avoit fait déposer légalement l’évêque de Léon, parce qu’il s’étoit déclaré pour Marie de Médicis, et l’avoit suivie en Flandre. Depuis cette époque, le clergé avoit souvent réclamé, mais sans succès, en faveur de ce prélat.

« Il y a dix années, dit l’orateur, que nous pleurons amèrement sur un de nos confrères, qui a été séparé de son épouse avec des formes entièrement contraires aux droits et aux libertés de l’Église gallicane. Nous avons en cette assemblée animé nos larmes, qui n’avoient été jusqu’ici que les foibles et impuissantes marques de nos douleurs ; nous les avons, dis-je, animées d’une voix plus forte et plus puissante que celle du sang de notre frère, puisque c’est celle de son honneur, ou plutôt puisque c’est celle de la dignité violée du plus saint et du