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DU CARDINAL DE RETZ.

lesquelles l’on ne peut plus faire que des fautes. J’ai observé que la fortune ne met jamais les hommes en cet état, qui est de tous le plus malheureux ; et que personne n’y tombe, que ceux qui s’y précipitent par leur faute. J’en ai recherché la raison, et je ne l’ai point trouvée ; mais j’en suis convaincu par les exemples. Si le cardinal Mazarin eût tenu ferme dans l’occasion dont je viens de vous parler, il se seroit sûrement attiré des barricades, et la réputation d’un téméraire et d’un forcené. Il a cédé au torrent : j’ai vu peu de gens qui ne l’aient accusé de foiblesse. Ce qui est constant est que l’on en conçut beaucoup de mépris pour le ministre, et que, bien qu’il eût essayé d’adoucir les esprits par l’exil d’Emery, à qui il ôta la surintendance, le parlement, aussi persuadé de sa propre force que de l’impuissance de la cour, la poussa par toutes les voies qui peuvent anéantir le gouvernement d’un favori.

La chambre de Saint-Louis fit sept propositions, dont la moins forte étoit de cette nature. La première, sur laquelle le parlement délibéra, fut la révocation des intendans. La cour, qui se sentit touchée à la prunelle de l’œil, obligea M. le duc d’Orléans d’aller au Palais, pour en représenter à la compagnie les conséquences, et la prier de surseoir seulement pour trois jours à l’exécution de son arrêt, pendant lesquels il avoit des propositions à faire qui seroient très-avantageuses au public. On lui accorda trois jours de délai, à condition qu’il n’en fût rien écrit dans le registre, et que la conférence se fît incessamment. Les députés des quatre compagnies se trouvèrent au palais d’Orléans. Le chancelier insista fort sur la nécessité