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DU CARDINAL DE RETZ. [1648]

leraye, n’a rien oublié pour témoigner à la Reine et au cardinal la vérité, mais que l’un et l’autre se sont moqués de lui ; qu’il ne les peut excuser dans cette injustice, mais qu’aussi il ne les peut assez admirer du mépris qu’ils ont toujours eu pour le tumulte ; qu’ils en ont vu la suite comme des prophètes ; qu’ils ont toujours dit que la nuit feroit évanouir cette fumée ; que lui maréchal, ne l’avoit pas cru, mais que présentement il en étoit convaincu, parce qu’il s’étoit promené dans les rues, où il n’avoit pas seulement trouvé un homme ; que ces feux ne se rallumoient plus quand ils s’étoient éteints aussi subitement que celui-là ; qu’il me conjuroit de penser à ma sûreté ; que l’autorité du Roi paroîtroit le lendemain avec tout l’éclat imaginable ; qu’il voyoit la cour très-disposée à ne pas perdre le moment fatal ; que je serois le premier sur qui l’on feroit un grand exemple ; que l’on avoit même déjà parlé de m’envoyer à Quimpercorentin ; que Broussel seroit envoyé au Hâvre-de-Grâce ; et que l’on avoit résolu d’envoyer, à la pointe du jour, le chancelier au palais, pour interdire le parlement, et pour lui commander de se retirer à Montargis. » Argenteuil finit son discours par ces paroles : « Voilà ce que le maréchal de La Meilleraye vous mande. Celui de Villeroy n’en dit pas tant, car il n’ose ; mais il m’a serré la main, en passant, d’une manière qui me fait juger qu’il en sait peut-être encore davantage ; et moi je vous dis, ajouta Argenteuil, qu’ils ont tous deux, raison : car il n’y a pas une ame dans les rues, tout y est calme, et l’on prendra demain qui l’on voudra. »

Montrésor, qui est de ces