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[1648] MÉMOIRES

du maréchal, et dont le défaut dès ce temps-là n’étoit pas de taire aux plus forts ce que les plus foibles disoient d’eux. Je ne pourrois pas vous dire encore, à l’heure qu’il est, les raisons ou plutôt les déraisons qui me purent obliger à une aussi méchante conduite. Je cherche dans les replis de mon cœur le principe qui fait que je trouve une satisfaction plus sensible à vous faire une confession sincère de mes fautes, que je n’en trouverois assurément dans le plus juste panégyrique. Je reviens aux affaires publiques.

La déclaration, à la publication de laquelle j’étois demeuré, et le retour du Roi à Paris, joints à l’inaction du parlement qui étoit en vacations, apaisèrent pour un moment le peuple, qui étoit si échauffé, que deux ou trois jours avant que l’on eût enregistré la déclaration, il avoit été sur le point de massacrer le premier président et le président de Nesmond, parce que la compagnie ne délibéroit pas aussi vite que les marchands le prétendoient sur un impôt établi sur l’entrée du vin[1]. Cette chaleur revint avec la Saint-Martin. Il sembloit que tous les esprits étoient surpris et enivrés de la fumée des vendanges. Vous allez voir des scènes, au prix desquelles les passées n’ont été que des verdures et des pastourilles.

  1. Impôt établi sur l’entrée du vin : On trouve le détail des droits qui étoient alors perçus sur chaque muid de vin, dans un arrêt du parlement de Paris, du 14 octobre 1648, imprimé dans l’Histoire du Temps, première partie, page 288. Ils s’élevoient, en y comprenant divers péages dus sur la route, à quatorze livres dix-sept sous six deniers : ce qui, au prix de vingt-six livres dix sous où étoit alors le marc d’argent, feroit aujourd’hui vingt-neuf livres cinq sous de notre monnoie. Par un autre arrêt du même jour, le parlement diminua ces doits de cinquante-huit sous six deniers par muid. (Histoire du Temps, première partie, page 292.)