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DU CARDINAL DE RETZ. [1649]

la rendoit une des plus aimables personnes de France. J’avois le cœur du monde le plus propre pour l’y placer entre madame de Guémené et madame de Pommereux. Je ne vous dirai pas qu’elle l’eût agréé ; mais je vous dirai bien que ce ne fut pas la vue de l’impossibilité qui m’en fit rejeter la pensée, qui fut même assez vive dans les commencemens. Le bénéfice n étoit pas vacant, mais il n’étoit pas desservi. M. de La Rochefoucauld[1] étoit en possession ; mais il étoit en Poitou. J’écrivois tous les jours trois ou quatre billets, et j’en recevois bien autant. Je me trouvois très-souvent à l’heure du réveil, pour parler plus librement d’affaires : j’y concevois beaucoup d’avantages, et je n’ignorois pas que c’étoit l’unique moyen de m’assurer de M. le prince de Conti pour les suites. Je crus, pour ne vous rien celer, y entrevoir de la possibilité[2]. La seule vue de l’amitié étroite que je professois avec le mari l’emporta sur le plaisir et sur la politique[3].

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Je ne laissai pas de prendre une grande liaison d’affaires avec madame de Longueville, et par elle un commerce avec M. de La Rochefoucauld, qui revint trois semaines ou un mois après cet engagement. Il faisoit croire à M. le prince de Conti qu’il le servoit dans sa passion qu’il avoit pour madame sa sœur ; et lui et elle de concert l’avoient tellement aveuglé,

  1. François de La Rochefoucauld, quatrième du nom, mort en 1680. (A. E.)
  2. Entrevoir de la possibilité : D’autres Mémoires disent que le coadjuteur, qui étoit fort laid, déplaisoit au contraire à madame de Longueville. Du reste, ce ton de fatuité n’étonne pas dans un homme toujours disposé à se vanter de ses succès auprès des femmes.
  3. Il y a ici quatre lignes effacés. (A. E.)