Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 44.djvu/300

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
298
[1649] MÉMOIRES

monde à le persuader de se relever. Il se trouvoit mal, et il tarda tant, qu’on nous vint dire que le parlement étoit levé, et que M. d’Elbœuf marchoit à l’Hôtel de Ville, pour y prêter le serment, et prendre le soin de toutes les commissions qui s’y délivreroient. Vous concevez aisément l’amertume de cette nouvelle : elle eût été plus grande si la première occasion que M. d’Elbœuf avoit manquée ne m’eût donné lieu d’espérer qu’il ne se serviroit pas même de la seconde. Comme j’appréhendai toutefois que le bon succès de cette matinée ne lui élevât le cœur, je crus qu’il ne lui falloit pas laisser trop de temps de se reconnoître, et je proposai à M. le prince de Conti de venir au parlement l’après-dînée, de s’offrir à la Compagnie, et d’en demeurer simplement et précisément dans les termes qui se pourroient expliquer plus ou moins favorablement, selon qu’il trouveroit l’air du bureau dans la grand’chambre ; mais encore plus selon que je le trouverois moi-même dans la salle, où, sous prétexte que je n’avois pas encore de place au parlement, je faisois état de demeurer, pour avoir l’œil sur le peuple.

M. le prince de Conti se mit dans mon carrosse, sans aucune suite de livrée que la mienne, qui étoit fort grande, et qui me faisoit par conséquent reconnoître de fort loin : ce qui étoit assez à propos en cette occasion, et qui n’empêchoit pourtant pas que M. le prince de Conti ne fit voir aux bourgeois qu’il prenoit confiance en eux : ce qui n’y étoit pas moins nécessaire. Il n’y a rien où il faille plus de précautions qu’en tout ce qui regarde les peuples, parce qu’il n’y a rien de plus déréglé, et il n’y a rien où il les faille plus cacher, parce qu’il n’y a rien de plus défiant. Vous