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DU CARDINAL DE RETZ. [1649]

me disant ces propres paroles : « Quoi ! monsieur, vous refusez l’entrée au héraut de votre Roi, sous le prétexte le plus frivole !… » Comme je ne doutai point de la seconde partie de l’apostrophe ; je la voulus prévenir, et je lui répondis : « Vous me permettrez, monsieur, de ne pas traiter de frivoles des motifs qui ont été consacrés par un arrêt. »

La cohue du parlement s’éleva à ce mot, releva celui du président de Mesmes, qui étoit effectivement très-imprudent ; et il est constant qu’il servit fort, contre son intention, comme vous pouvez croire, à faciliter l’audience à l’envoyé. Comme je vis que la compagnie s’échauffoit et s’ameutoit contre le président de Mesmes, je sortis sous je ne sais quel prétexte, et je dis à Quatresous, jeune conseiller des enquêtes, et le plus impétueux esprit qui fût dans le corps, d’entretenir l’escarmouche, parce que j’avois éprouvé plusieurs fois que le moyen le plus sur et le plus propre pour faire passer une affaire extraordinaire dans les compagnies est d’échauffer la jeunesse contre les vieux. Quatresous s’acquitta dignement de cette commission ; il s’arrêta au président de Mesmes et au premier président, sur le sujet d’un certain La Rablière, partisan fameux, qu’il faisoit entrer dans tous ses avis sur quelque matière où il pût opiner. Les enquêtes s’échauffèrent pour la défense de Quatresous : les présidens à la fin s’impatientèrent de ces impertinences. Il fallut délibérer sur le sujet de l’envoyé ; et, malgré les conclusions des gens du Roi, et les exclamations des deux présidens, et de beaucoup d’autres, il passa à l’entendre.

On le fit entrer sur l’heure même ; on lui donna