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[1649] MÉMOIRES

pris de ne trouver aucune opposition ni de la part des généraux, ni de la mienne, dit au premier président : « Voilà un grand concert, et j’appréhende les suites de cette fausse modération. » Je crois qu’il fut encore plus étonné, quand les huissiers vinrent dire que le peuple menaçoit de tuer tous ceux qui seroient d’avis d’une conférence avant que le Mazarin fût hors du royaume. Nous sortîmes M. de Beaufort et moi ; nous fîmes retirer les séditieux, et la compagnie sortit sans aucun péril. Je fus surpris moi-même de la facilité que nous y trouvâmes. Elle donna une audace au parlement qui faillit à le perdre.

Le 2 de mars, Champlâtreux, fils du premier président, apporta au parlement, de la part de son père, une lettre de M. le duc d’Orléans et une de M. le prince, où ils témoignoient tous deux la joie qu’ils avoient du pas que le parlement avoit fait ; mais où en même temps ils nioient que la Reine eût promis l’ouverture des passages. Je ne puis exprimer la fureur qui parut dans le corps et dans les particuliers à cette nouvelle. Le premier président fut piqué de ce procédé ; il s’en expliqua avec beaucoup d’aigreur au président de Nesmond, que le parlement lui avoit envoyé pour le prier d’en écrire à messieurs les princes. On manda aux gens du Roi, qui étoient partis le matin pour aller demander à Saint-Germain les passeports nécessaires aux députés, de déclarer que l’on ne vouloit entrer en aucune conférence, que la parole donnée au premier président ne fût exécutée. Je crus qu’il étoit à propos de prendre ce moment pour faire faire à la compagnie quelque pas qui marquât à la cour que toute sa vigueur n’étoit pas éteinte. Je sortis de ma