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DU CARDINAL DE RETZ. [1649]

vous en seriez étonné. Cela supposé, en quel état nous trouverons-nous le lendemain que nous aurons fait ou plutôt procuré la paix générale ? Nous aurons de l’honneur, je l’avoue ; mais cet honneur nous empêchera-t-il d’être les objets de la haine et de l’exécration de notre cour ? La maison d’Autriche reprendra-t-elle les armes, quand on vous arrêtera vous et moi quatre mois après ? Vous me répondrez que nous pouvons stipuler des conditions avec l’Espagne qui nous mettront à couvert de ces insultes : mais je crois avoir prévenu cette objection, en vous assurant par avance qu’elle est si pressée dans le dedans par ses nécessités domestiques, qu’elle ne balancera pas un moment à sacrifier à la paix toutes les promesses les plus solennelles qu’elle nous auroit pu faire ; et à cet inconvénient je ne trouve aucun remède. Si l’Espagne nous manque dans la parole qu’elle nous aura donnée de l’exclusion du Mazarin, où en sommes-nous ? Et la gloire de la paix générale se comparera-t-elle dans l’esprit du peuple à la conservation d’un ministre pour la perte duquel nous aurons pris les armes ? Vous savez quelle horreur il a pour le cardinal. Je veux que l’on nous tienne parole, et que l’on exclue du ministère le cardinal ; n’est-il pas vrai que nous demeurerons toujours exposés à la vengeance de la Reine, aux ressentimens de M. le prince, et à toutes les suites qu’une cour outragée peut donner à une action de cette nature ? Il n’y a de véritable gloire que celle qui peut durer ; la passagère n’est qu’une fumée : celle que nous tirerons de la paix est des plus légères, si nous ne la sou-