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[1649] MÉMOIRES

ciers qui l’avoient déféré à la cour pour cette action. Il en fut loué de toute la compagnie, et on lui promit toute protection.

Voilà bien de la chaleur dans le parti ; et vous croyez apparemment qu’il faudra au moins un peu de temps pour l’évaporer avant que la paix se puisse faire. Nullement : elle est faite et signée le même jour, 11 de mars, par les députés qui avoient demandé le 10 un nouveau pouvoir, parce que l’ancien étoit révoqué ; par ces mêmes députés auxquels on avoit refusé ce nouveau pouvoir. Voici le dénouement de ce contretemps que la postérité aura peine à croire, et auquel on s’accoutuma en quatre jours.

Aussitôt que M. de Turenne se fut déclaré, la cour travailla à gagner les généraux avec beaucoup plus d’application qu’elle n’avoit fait jusque-là ; mais elle ne réussit pas à son gré. Madame de Montbazon, pressée par Vineuil en plus d’un sens, promettoit M. de Beaufort à la Reine ; mais la Reine voyoit bien qu’elle auroit beaucoup de peine à le livrer, tant que je ne serois pas du marché. La Rivière ne témoignoit plus de mépris pour M. d’Elbœuf. Le maréchal de La Mothe n’étoit accessible que par M. de Longueville, duquel la cour ne s’assuroit pas à beaucoup près tant par la négociation d’Antoville, que nous nous eu assurions par la correspondance de Varicarville. M. de Bouillon faisoit paroitre, depuis l’éclat de monsieur son frère, plus de pente à s’accommoder avec la cour. Vassé, qui commandoit, ce me semble, son régiment de cavalerie, l’avoit insinué par des canaux différens à Saint-Germain ; mais les conditions paroissoient bien hautes. Il en falloit de grandes pour les deux frères,