Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 44.djvu/430

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
428
[1649] MÉMOIRES

n’étois pas de son sentiment. « Il ne se peut rien de mieux, lui répondis-je, supposé ce que vous faites ; mais je crois qu’il se pourroit quelque chose de mieux que ce que vous faites. — Non, reprit M. de « Bouillon ; vous ne pourrez être de cet avis, supposé que mon frère puisse être à nous dans trois semainés. — Il ne sert rien de disputer, lui répliquai-je : « il y a arrêt ; mais il n’y a que Dieu qui nous puisse assurer qu’il y soit de sa vie. » Je dis ce mot si à l’aventure, que je fis même réflexion un moment après sur quoi je pouvois l’avoir dit, parce qu’il n’y avoit rien qui parût plus certain que la marche de M. de Turenne. Je ne laissai pas d’en avoir quelque sorte de doute dans l’esprit. Nous sortîmes à trois heures après minuit de chez M. de Bouillon, où nous étions entrés à onze heures, un moment après que j’eus reçu les nouvelles de la paix, qui ne fut signée qu’à neuf heures.

Le lendemain 12 mars, M. le prince de Conti dit au parlement, en douze ou quinze paroles, ce qui avoit été résolu chez M. de Bouillon. M. d’Elbœuf les paraphrasa. M. de Beaufort et moi, qui affectâmes de ne nous expliquer de rien, trouvâmes que ce que j’avois prédit du mouvement du peuple n étoit que trop bien fondé. Miron, que j’avois prié d’être alerte, eut peine à se contenir dans la rue Saint-Honoré à l’entrée des députés ; et je me repentis plus d’une fois d’avoir jeté dans le monde, comme j’avois fait dès le matin, les plus odieux des articles, et les circonstances de la signature du cardinal Mazarin. Vous avez vu la raison pour laquelle nous avions jugé à propos de les faire savoir ; mais il faut avouer que la guerre civile est une