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[1649] MÉMOIRES

recommença avec une telle fureur, que le président de Mesmes, que l’on chargeoil d’opprobres sur la signature du cardinal Mazarin, trembloit comme la feuille. Messieurs de Beaufort et de La Mothe s’échauffèrent par le grand bruit ; et le premier dit, en mettant la main sur la garde de son épée : « Vous avez beau faire, messieurs les députés, celle-ci ne tranchera jamais pour le Mazarin. » Vous voyez que j’avois raison quand je disois chez M. de Bouillon que, dans le mouvement où seroient les esprits au retour des députés, nous ne pourrions pas répondre d’un quart-d’heure à l’autre. Je devois ajouter que nous ne pourrions pas répondre de nous-mêmes.

Comme le président Le Coigneux proposoit de renvoyer les députés pour traiter des intérêts de messieurs les généraux, et pour faire réformer les articles qui ne plaisoient pas à la compagnie, l’on entendit un fort grand bruit dans la salle du Palais qui fit peur à maître Gonin[1], et qui l’obligea de se taire. Le président de Bellièvre, ayant voulu appuyer la proposition de Le Coigneux, fut interrompu par un second bruit plus grand que le premier. L’huissier qui étoit à la porte de la grand’chambre entra, et dit d’une voix tremblante que le peuple demandoit M. de Beaufort. Il sortit, il harangua la populace, et il l’apaisa pour un moment. Le fracas recommença aussitôt qu’il fut rentré ; et le président de Novion étant sorti hors du parquet des huissiers pour voir ce que c’étoit, y trouva un certain Duboisle, méchant avocat, et si peu connu que je ne l’avois jamais ouï nom-

  1. Le président Le Coigneux, connu alors par ce sobriquet. Voyez ci-dessus, page 348. (A. E)