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DU CARDINAL DE RETZ. [1649]

les députés des généraux. Cette petite pluie abattit le vent qui s’étoit élevé : on ne parla plus de la question. Miron, conseiller et député du parlement de Rouen, qui dès le 13, s’étoit plaint en forme au parlement de ce qu’on avoit fait la paix sans appeler sa compagnie, et qui y revint encore le 16, fut à peine écouté. Le premier président lui dit simplement que s’il avoit les mémoires concernant les intérêts de son corps, il pouvoit aller à la conférence. On se leva ensuite, et les députés partirent dès l’après-dînée pour se rendre à Ruel.

Je vais vous raconter ce qui se passa à l’hôtel-deville le soir du 16. Le bruit qu’il y eut dans le Palais, le 13, obligea le parlement à faire garder les portes du Palais par les compagnies colonelles de la ville, qui étoient encore plus animées contre la paix mazarine (c’est ainsi qu’ils l’appeloient) que la canaille ; mais que l’on ne redoutoit pourtant pas tant, parce que l’on savoit qu’au moins les bourgeois dont elles étoient composées ne vouloient pas le pillage. Celles que l’on établit ce jour-là à la garde du Palais furent choisies du voisinage, comme les plus intéressées à l’empêcher ; et il se trouva qu’elles étoient en effet très-dépendantes de moi, parce que je les avois toujours ménagées comme étant fort proches de l’archevêché, et qu’elles s’étoient en apparence attachées à M. de Champlâtreux, fils du premier président, parce qu’il étoit leur colonel. Ce rencontre m’étoit très-fâcheux, et faisoit qu’on avoit lieu de m’attrihuer le désordre dont elles menaçoient quelquefois et que l’autorité que M. de Champlâtreux y eût dû avoir par sa charge lui pouvoit donner par l’événe-