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notice

donner une juste idée de son caractère et de son génie.

L’auteur italien de la Conjuration de Fiesque professe les opinions les plus saines et les plus modérées. Il abhorre les factions ; et son style, approprié à ses pensées, présente souvent de l’élégance, du nombre et de l’harmonie. La manière du jeune abbé de Gondy est entièrement différente : le rôle de conspirateur lui paroît aussi noble que brillant ; il en est enthousiaste, et l’on retrouve dans son style toute la violence de ses passions.

Mascardi commence ainsi son récit : « La république de Gênes respiroit après de grands désastres ; les citoyens, tourmentés long-temps, non-seulement par les discordes civiles, mais par l’influence des princes étrangers, instruits enfin par leurs souffrances, avoient senti la nécessité de maintenir la paix intérieure. La réformation du gouvernement avoit produit en peu de temps l’augmentation des fortunes particulières ; et les richesses immenses que l’on avoit follement dissipées pour animer les factions étant désormais employées à un meilleur usage, l’or que l’on perdoit auparavant, soit pour l’entretien d’une soldatesque effrénée, soit pour satisfaire l’insatiable cupidité des gouverneurs, étoit entièrement consacré à faire fleurir le commerce et l’industrie. Au milieu de cette tranquillité profonde, un événement aussi affreux qu’inattendu mit en péril la liberté à peine recouvrée, et bouleversa presque la république : ce fut la conjuration du comte Louis de Fiesque. Il est nécessaire de remonter plus haut pour en expliquer la cause et l’origine. »