Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 44.djvu/81

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particuliers, si redoutable à l’État, d’un caractère si haut qu’on ne pouvoit ni l’estimer, ni le craindre, ni l’aimer, ni le haïr à demi ; ferme génie que nous avons vu, en ébranlant l’univers, s’attirer une dignité qu’à la fin il voulut quitter comme trop chèrement achetée, ainsi qu’il eut le courage de le reconnoître dans le lieu le plus éminent de la chrétienté, et enfin comme peu capable de contenter ses désirs, tant il connut son erreur et le vide des grandeurs humaines ? Mais pendant qu’il vouloit acquérir ce qu’il devoit un jour mépriser, il remua tout par de secrets et puissans ressorts-, et après que tous les partis furent abattus, il sembla encore se soutetenir seul, et seul encore menacer le favori victorieux de ses tristes et intrépides regards. » Ce caractère devoit paroître aussi fidèlement qu’éloquemment tracé à des hommes qui n’avoient vu que les actions publiques du cardinal de Retz, et qui non-seulement ignoroient ses désordres secrets, mais étoient loin de soupçonner qu’il avoit employé ses dernières années, en apparence si régulières, à écrire des Mémoires où, en même temps qu’il s’étend avec complaisance sur des détails scandaleux et révoltans, il continue de professer les doctrines politiques les plus dangereuses.

Lorsque ces Mémoires parurent au commencement du dix-huitième siècle, le cardinal de Retz fut jugé plus sévèrement ; et le président Hénault fit ainsi son portrait dans l’Abrégé chronologique de l’histoire de France :

« On a de la peine à comprendre comment un homme qui passa sa vie à cabaler n’eut jamais de