Aller au contenu

Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 45.djvu/140

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
137
DU CARDINAL DE RETZ. [1650]

avec les autres députés ; il fit relation de son voyage à la cour dans le parlement, dont la substance fut que la Reine les avoit remerciés des bons sentimens que la compagnie lui avoit témoignés ; et qu’elle leur avoit commandé de l’assurer de sa part qu’elle étoit très-bien disposée pour donner la paix à la Guienne ; et qu’elle l’auroit déjà, si M. de Bouillon, qui avoit traité avec les Espagnols, ne se fût rendu maître de Bordeaux, et n’eût empêché les effets de la bonté du Roi.

Les députés du parlement de Bordeaux entrèrent en même temps dans la grand’chambre ; et ils firent leurs plaintes en forme de ce qu’on avoit donné si peu de temps de négocier à ceux de Paris, à qui on n’avoit pas permis seulement de demeurer deux jours à Libourne, et de ce qu’on les avoit laissés trois jours à Angoulême sans leur donner aucune réponse en sorte qu’ils avoient été obligés de revenir avec aussi peu d’éclaircissement qu’ils en avoient lorsqu’ils étoient sortis de Paris. Ce procédé eût porté la compagnie à un grand éclat, si Monsieur, qui l’avoit prévu, n’eût pris très-sagement le parti d’étouffer le plus petit bruit par le plus grand, en disant au parlement qu’il avoit reçu une lettre de M. l’archiduc qui lui faisoit savoir que le roi d’Espagne ayant envoyé un plein pouvoir de faire la paix, il souhaitoit avec passion de la traiter avec lui. Monsieur ajouta qu’il n’avoit point voulu faire de réponse que par l’avis de la compagnie. Cette petite pluie fit tomber le vent qui commençoit à se lever dans la, grand’chambre ; et l’on résolut de s’assembler le lundi suivant, pour délibérer sur une proposition de cette importance.