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soit réponse à la sienne, en lui demandant le lieu ; le temps et les personnes que l’Espagne voudroit employer à la paix, et en l’assurant qu’au jour et au lieu préfix, il enverroit sans délai un pareil nombre de personnes. Verderonne étant près de partir, Monsieur, à qui il vint quelque scrupule sur la réponse que Le Tellier avoit dressée, envoya chercher les mêmes personnes qui s’étoient trouvées en la conversation du soir précédent, et il nous fit faire la lecture dé cette réponse. Le premier président remarqua que Monsieur ne répondoit pas à l’article dans lequel l’archiduc lui proposoit de traiter personnellement avec lui et il me le dit tout bas en ajoutant « Je ne sais si je dois relever l’omission. » M. d’Avaux ne lui en laissa pas le temps car il en parla, et même avec véhémence. M. Le Tellier s’excusa, sur ce que la veille on ne s’en étoit pas expliqué distinctement. M. d’Avaux insista que cette clause y étoit entièrement nécessaire. Le premier président se joignit à lui : messieurs Le Coigneux et de Bellièvre furent de même avis. Le garde des sceaux et Le Tellier prétendirent que Monsieur ne se pouvoit engager à un colloque personnel avec l’archiduc, sans un agrément exprès et même sans un commandement positif du Roi ; et qu’il y avoit bien de la différence entre une réponse générale sur un traité de paix que Son Altesse Royale savoit ne pouvoir jamais être refusé par la cour, et une conférence personnelle d’un fils de France avec un prince de la maison d’Autriche. Monsieur, qui étoit naturellement foible se rendit ou aux raisons ou à la faveur de M. Le Tellier, et la lettre demeura simplement comme elle étoit. M. d’Avaux, qui étoit très-homme de bien, s’emporta