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DU CARDINAL DE RETZ. [1650]

sieur : nous le prîmes sur le degré, nous le menâmes dans la chambre du vicomte d’Autel, et je l’assurai que je n’avois aucune aversion à la translation de messieurs les princes ; que je ne croyois pas y avoir aucun intérêt ; que j’étois même persuadé que Monsieur n’y en avoit aucun véritable ; et, que s’il me faisoit l’honneur de m’en demander mon sentiment, je n’estimerois pas parler contre ma conscience en lui parlant ainsi mais que mon opinion avoit été en même temps qu’il n’y avoit rien de plus contraire au service du Roi, parce que cette translation étoit de la nature des choses dont le fond n’étoit pas bon, et dont les apparences sont mauvaises, et qui, par cette raison, sont toujours très-dangereuses. « Je m’explique, ajoutai-je : il faudroit que les Espagnols eussent gagné une bataille, pour venir à Vincennes ; et quand ils l’auroient gagnée, il faudroit qu’ils eussent des escadrons volans pour l’investir avant qu’on eût le temps d’en tirer messieurs les princes. Je suis convaincu, par cette raison, que la translation n’est pas nécessaire ; et je soutiens que dans les matières qui ne sont pas favorables par elles-mêmes, tout changement qui n’est pas nécessaire est pernicieux, parce qu’il est odieux. Je la tiens encore moins nécessaire du côté de Monsieur et du côté des Il frondeurs, que du côté des Espagnols. Supposé que Monsieur ait toutes les plus méchantes intentions du monde contre la cour ; supposé que M. de Beaufort et moi voulions enlever messieurs les princes, comment s’y prendrait-on ? Toutes les compagnies qui sont dans le château ne sont-elles pas au Roi ? Monsieur a-t-il des troupes pour assié-