Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 45.djvu/168

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
165
DU CARDINAL DE RETZ. [1650]

que, quand il étoit votre ennemi déclaré, il avoit peine à garder les mesures nécessaires avec leurs députés ; et qu’un jour que je l’en grondai, et que je lui reprochai qu’il vivoit mieux avec ceux de Provence, il me répondit que les Provençaux n’étoient que frivoles, dont on peut quelquefois tirer parti ; et que les Gascons sont toujours fous, et gens avec qui il n’y a que des impertinences à faire. » Madame de Chevreuse me rendoit justice : elle ne put jamais persuader au cardinal de me la rendre, soit qu’il fût trompé par le garde des sceaux et par Le Tellier, comme Lyonne me le dit depuis, ou qu’il fît semblant de l’être dans la vue d’avoir occasion de me pousser.

Madame de Rhodes, de qui le bonhomme garde des sceaux étoit plus amoureux qu’elle ne l’étoit de lui, et qui étoit en grande liaison avec moi par le commerce de madame de Chevreuse, trouvoit dans la disposition où étoient les affaires une matière bien ample à satisfaire son humeur, naturellement portée à l’intrigue. Élle ne se brouilloit pas avec le garde des sceaux en contribuant à me brouiller avec la cour, non par aucune pièce qu’elle m’y fît, car elle étoit incapable de perfidie, mais en entrant dans les moyens de m’en éloigner. Elle avoit été assez amie de madame de Longue ville, et l’étoit davantage de madame la palatine, qui la pressoit de me faire des propositions pour la liberté de messieurs les princes. Ces propositions, dont elle ne se cacha pas à l’hôtel de Chevreuse, alarmèrent toute la cabale de ceux du parti, qui ne regardoient que leurs petits intérêts particuliers qu’ils trouvoient avec la cour, et qui