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peau, je me servis des mesures que j’avois jusque là plutôt reçues que prises. Je dépêchai un courrier à Rome ; je renouvelai les engagemens. Pancirole me donna toutes les assurances imaginables : je trouvai même une seconde protection qui ne me fut pas inutile. Madame la princesse de Rossane s’étoit depuis peu raccommodée avec le Pape, de qui elle avoit épousé le neveu, après avoir été mariée en premières noces au prince de Sulmone. Elle étoit fille et héritière de la maison des Aldobrandins, avec laquelle la mienne a eu en Italie beaucoup d’union et d’alliances. Elle se joignit pour mes intérêts à Pancirole, et vous en verrez le succès.

Comme je ne m’endormois pas du côté de Rome, Caumartin ne s’endormoit pas du côté de Paris. Il donnoit tous les matins à madame de Chevreuse quelque nouvelle douleur sur mon accommodement avec messieurs les princes, « qui nous perdra tous, disoit-il, en nous entraînant dans un parti dont le ressentiment sera toujours plus à craindre que la reconnoissance n’y sera à espérer. » Il insinuoit tous les soirs à Monsieur le peu de sûreté qu’il y avoit à la cour, et les inconvéniens que l’on trouvoit avec les princes ; et il employoit fort habilement la maxime qui ordonne de faire voir, à ceux qui sont naturellement foibles, toutes sortes d’abîmes, parce que c’est le vrai moyen de les obliger à se jeter dans le chemin qu’on leur ouvre. M. de Bellièvre lui donnoit à tous momens sur le même principe des frayeurs à l’égard de l’infidélité de la cour, et lui faisoit en même temps des images affreuses du retour de la faction. Toutes ces différentes idées, qui se brouilloient les